Réflexion sur mon évolution professionnelle

Cette réflexion a été réalisé dans le cadre du cours DDM410B - Projet pédagogique et ressources du milieu sous le profil Littérature et créativité à Véronique Bachand à l'automne 2016.

      À la fin du mois d’août, je vivais un mélange d’excitation et de nervosité face à cette expérience qui devait nous influencer en tant que passeur culturel. Bien honnêtement et malgré tous les cours que j’avais précédemment eus dans mon cursus académique, je ne me sentais pas équiper pour intégrer la culture ou même le processus créatif de façon pratique dans une classe. Selon ce que j’avais compris auprès de plusieurs de mes enseignants, que ce soient universitaires ou associés, j’avais dans l’idée que l’écriture et la lecture seulement comme des activités académiques avec un sentiment d’obligation d’application dans un objectif d’évaluation et non de découverte. Avec du recul, j’en conclus que j’étais bien loin de percevoir la portée culturelle que je pouvais intégrer à mon enseignement de façon à la fois pertinente et stimulante pour les élèves.

 

      Dès les premiers cours, nous avons eu à écrire de façon spontanée et même à partager de façon volontaire ce qui était possiblement ma plus grande crainte à ce moment-là. En effet, j’avais perdu le désir d’écrire pour moi avec une inspiration du moment à cause de la peur de ces moments de partage qui offraient la possibilité aux autres de juger un premier jet. Petit à petit et comme j’ai toujours aimé écrire, et ce, depuis le début du secondaire, me délier les mains n’a pas été très long, mais trouver l’inspiration pour écrire plus d’une phrase d’affiler ou de prendre confiance en ce que j’écrivais le fut un peu plus. Ainsi, j’avais plus de faciliter à faire l’écriture du journal de bord au départ, s’agissant d’un aspect plus scolaire, mais je trouvais plus difficile de participer à l’écriture créative. Le journal de bord permettait une réflexion dirigée par des questions sur des aspects bien précis et très larges à la fois qui le rendaient plus efficace pour m’aider à commencer l’exercice d’écriture bien que toutes 

Photographié par : Valéry Lavoie
Photographié par : Valéry Lavoie

ces questions n’étaient pas toujours des plus simples à répondre. À l’inverse, le carnet d’écrivain m’a laissé une liberté d’écriture et de non-écriture, comme des dessins, qui faisait un peu peur à la base puisque je ne me souvenais pas la dernière fois qu’un enseignant m’ait demandé d’écrire pour moi en me précisant que le contenu ne serait pas évalué. Au fil des différents ateliers, des périodes de flâneries ainsi que des rencontres avec des auteurs et des artistes, j’ai redécouvert un certain réflexe d’écriture spontanée par l’expérimentation de styles d’écriture variés et d’une diversité d’ouvrage de littérature. Ces ouvrages littéraires s’adressaient autant aux jeunes qu’à moi, et ce, tant pour des suggestions d’activités culturelles de partage que pour une lecture personnelle d’enrichissement.

 

      Après le camp, je me suis vraiment mise à avoir envie d’écrire à des moments inattendus comme dans l’autobus ou le métro sans avoir mon carnet sous la main ce qui m’encourageait généralement à laisser tomber pour ne pas avoir à ouvrir mon sac en plein transport en commun dans le seul but d’atteindre un petit bout de papier pour griffonner. Une bonne fois, l’envie d’écrire me vint alors que j’avais un journal en mains. Ça ne m’en prenait pas plus pour chercher à l’intérieur un petit espace pour coucher sur papier toutes ces idées qui m’envahissaient l’esprit, et ainsi, laisser libre cours à mon inspiration du moment. Comme l’inspiration peut survenir par des déclencheurs multiples et que les cahiers classiques d’écriture peuvent parfois brimer la créativité, j’ai eu l’envie de façonner avec mes futurs élèves leur propre carnet d’écrivain dans lequel il serait libre de s’exprimer et de partager, et ce, à partir  d’une diversité de papiers qui soient recyclés, neufs, colorés, unis ou encore à motif. Dans ce carnet, les élèves pourraient alors recueillir des mots, des phrases, des expressions, des citations ou même des titres de livres qu’ils ont aimés ou détestés et s’en servir dans leur écriture comme source d’inspiration. De cette façon et un peu comme je l’ai fait dans le processus de ce cours, les élèves auraient la possibilité de sélectionner des portions d’une culture seconde dans leur propre bagage culturel en commençant par des aspects qui attisent son intérêt.

 

      En un sens, j’ai aussi un peu mieux compris certaine de mes peurs et de mes questionnements à travers ces expériences comme l’écriture et la réécriture du texte que l’on a eu à préparer pour le micro ouvert. J’ai compris que j’avais, et que j’ai encore, peur de l’erreur ou de ce qu’elle peut signifier, alors je m’obligeais le plus souvent à écrire « au propre » dès la première fois. Cependant, toute personne comprenant un peu le processus créateur sait que l’erreur est là pour nous faire progresser et que c’est souvent de cette erreur que naissent les plus belles démarches desquelles on apprend davantage. Quand je l’ai réalisé, j’ai pu m’engager dans le processus de création avec son effrayante période d’incubation emplie d’incertitudes pour tenter de combattre cette crainte, car c’est ainsi que, selon moi, j’arrivais à réellement ouvrir la porte à la variété de la culture qui s’offrait à moi que ce soit pour le plaisir d’expérimenter ou pour trouver une nouvelle source d’inspiration. Avec tout ce cheminement, j’ai réalisé que je voulais encourager les élèves à écrire en se permettant de raturer et même de faire des flèches afin qu’ils laissent libre cours à l’expression de leurs idées sans se sentir freiner par la langue ou par l’apparence de leur 

Photographié par : Valéry Lavoie
Photographié par : Valéry Lavoie

texte en construction. En tant qu’enseignante, j’ai alors le désir que les élèves n’aient pas peur de faire des erreurs, de découvrir un univers culturel qui leur est complètement inconnu ou de prendre le temps de créer et de lire un livre selon leur intérêt pour le simple plaisir de le faire. En tant qu’enseignante, j’espère réussir à donner le goût de lire à mes élèves en passant de l’album à la bande dessinée et du roman au documentaire. J’ai le désir de créer avec mes élèves un univers de la littérature et de la créativité d’écriture au travers lequel les élèves deviendraient à leur tour des passeurs de leur culture en partageant avec les autres leurs dernières découvertes littéraires ou même un extrait de texte qu’ils auraient eux-mêmes écrit. Quoique je ne me sente pas encore totalement compétente professionnellement pour devenir un tel modèle, j’ai la volonté de continuer à stimuler mon désir de croissance de ma propre culture, afin qu’à mon tour, je puisse partager avec mes élèves mes propres découvertes à travers des projets variés comme une création d'un recueil s’inspirant de la collection de Mingan, mon village. Plusieurs techniques simples de découvertes de livres présentées par notre enseignante m’ont donné envie de varier le premier contact que les enfants peuvent avoir avec les livres comme par une rencontre avec des auteurs de différents genres littéraires ou des rencontres éclair avec chaque livre. Ainsi, on apprend à découvrir ou à redécouvrir des œuvres comme on ne s’y attendait plus et c’est ce qui peut être encourageant pour des élèves qui ne savent plus quoi choisir comme lecture. Après tout, la créativité littéraire ne devrait pas toujours lier découverte et évaluation, mais bien relier le plaisir et la découverte de ce qui nous entoure.

 

      Finalement, nous avons beaucoup parlé en groupe à quel point il était aisé d’éteindre la flamme d’intérêt d’un élève pour la lecture et pour l’envie d’écrire en sachant que cela s’appliquait facilement à un peu tout. En tant qu’enseignante, et ce, même si je n’arriverai pas toujours à trouver ce qui intéressera directement tous les enfants que je croiserai, je pense qu’il sera de mon devoir de m’assurer d’éviter le plus possible d’éteindre des passions naissantes. Je crois que ce peut être une tâche complexe, mais ça fait partie du rôle de l’enseignant de partager et transmettre ces différents aspects de la culture et des savoirs pour attiser le plus possible l’intérêt des élèves en restant à l’affût de chaque petit brasier qui ne demande qu’à s’enflammer et non pas d’imposer notre façon de voir le monde en oubliant les origines et intérêts de chacun. C’est drôle de voir que c’est dans un cours universitaire qui sort ses étudiants du quotidien que l’on peut enfin comprendre que, parfois, il ne suffit que d’ouvrir les yeux et d’observer notre environnement pour faire de belles découvertes. Il s’agit d’un geste si peu coûteux à réaliser, mais qui peut avoir le plus grand des impacts.


Références

Lavoie, V. (2016). Réflexion sur mon évolution professionnelle. [Document non publié]. Université du Québec à Montréal.

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